Les mythes comme refuge (et comme miroir)

Quand les mythes viennent à nous

Il y a des sujets qui nous choisissent avant même qu'on pense à les illustrer.
La mythologie grecque fait partie de ces territoires qui ne s'apprennent pas (un peu quand même!) mais qui s'éveillent en nous. Elle n'est pas arrivée dans ma vie par les manuels ou les salles de classe, elle s'est glissée plus subtilement, comme une présence familière qu'on reconnait sans l'avoir vraiment rencontrée. Une langue enfouie, instinctive, qui semblait déjà m'habiter. Comme un rêve ancien, oublié, mais prêt à ressurgir au moindre frisson .

Dans ces récits millénaires, il y a une énergie brute, presque palpable. Une tension constante entre la beauté et la cruauté, entre la sagesse et l'instinct, entre l'ombre des hommes et la lumière des dieux. Une poésie tragique, à la fois magnifique et dérangeante. C'est exactement à cet entre deux que j'aime créer en général, entre dieux trop humains et humains trop orgueilleux.

Un détour par l'archéologie

Pour ceux qui me connaissent un peu, vous savez peut-être que j'ai fait un petit détour par la faculté d'archéologie. Une année après la faculté d'Arts, pour compléter la théorie des cours d'histoire de l'art, ce n'était pas un hasard. C'était une tentative de creuser, littéralement (j'en ai ramassé des petits os et des petites dents, mais on dévie du sujet principal là), les racines de cette civilisation qui me fascinait: Ma grèce Antique. Ses objets, ses ruines, ses symboles, ses silences aussi.
Il y avait quelque chose d'essentiel et une sorte d'urgence à aller chercher au-delà des images, au-delà même des textes. Une forme de vérité sensible, enfouie sous les siècles.

Je n'ai pas poursuivi dans cette voie qui, je l'avais compris, n'était qu'une parenthèse, mais ce détour à laissé une empreinte.Une manière différente de regarder les formes, les gestes, les récits. Et aujourd'hui encore, cela continue de nourrir mon travail, presque en filigrane.

Dessiner les failles

Ce qui m'attire dans les figures mythologiques, ce n'est pas leur gloire éclatante mais tout le contraire, en fait: Ce sont leurs failles, leur part d'ombre, leurs contradictions.

Athéna par exemple. Souvent célébrée comme la déesse de la sagesse, on arrive à souvent oublier qu'elle est née d'un crâne fendu, jaillit dans un éclair d'angoisse et de pouvoir.
Elle incarne aussi la stratégie froide, la maîtrise rigide, la logique sans émotion, elle arrive à voir ce que les autres ne voient pas.

Artémis, elle, est la protectrice de la nature mais peut aussi se montrer implacable. Elle tue sans hésiter, pour défendre son territoire. Elle ne pardonne pas, elle est libre et indomptable. Aussi Fascinante qu'inquiétante.

Et que dire d'Achille ? Héros invincible, oui mais rongé par l'orgeuil, aveuglé par la colère, prisonnier de sa propre légende.

Ces personnages me touchent parce qu'ils parlent de nous. Ils ne sont pas parfaits, loin de là. Ils sont traversés, déchirés, poussés par des pulsions humaines: Vengeance, désir, solitude, loyauté, peur... C'est comme le miroir de nos propres dilemmes, au fond, des archétypes émotionnels.

Le théâtre du noir et blanc

Le noir et blanc ne ment pas. Il dramatise, il tranche, il révèle. Il n'y a pas de fioritures, pas de distraction, c'est aussi binaire que "oui" ou "non". Il y a la ligne, le vide, l'impact et parfois se libère alors quelque chose d'essentiel.

Je travaille cette série comme un projet parallèle, depuis plusieurs années. Par petites touches, par éclats. Il m'arrive de ne rien faire pendant des mois, puis d'en produire deux ou trois d'un coup. Ce n'est pas une production régulière, ça se veut impromptu, comme une pulsation, un exutoire ou un petit refuge.

Vers une lecture plus intime

Dernièrement, on m'a suggéré - à juste titre- de créer des sous-sections sur le blog pour détailler certaines compositions, donner un peu de contexte. Ouvrir quelques coulisses. Peut être que ça vous permettra de mieux comprendre ce qui m'anime dans ce domaine.
Alors voilà, je vais m'y atteler, petit à petit, une oeuvre à la fois, sans chronologie précise, juste au rythme de la série, car elle ne fait que commencer!

D'autres figures sont là, en attente, elles dorment quelque part dans les carnets, prêtes à surgir à l'encre. Je ne les convoque pas, je les laisse venir. Et si elles vous parlent aussi, alors tant mieux, cela veut dire que ces récits ont encore quelque chose à dire, à dévoiler, à murmurer.

Soyez patients, les mythes prennent leur temps.